Mon arrivée

Le jeune Maxim pénétra dans le manoir, sans trop savoir ce qu’il allait lui arriver.
Il ouvrit une porte au hasard, et entra.
Visiblement pas très enjoué, il lança un vague :
_ Ohé… Il y a quelqu’un ?
La phrase retomba platement.
La salle était déserte.
Maxim soupira.
« Pas très accueillant, cet endroit. Je ne suis pas sur de m’y plaire. »
Il scruta la salle de son regard mystérieux.
« Mais ai-je vraiment le choix ? »
Il s’assit sur un sofa qui avait l’air confortable. Il se mit à son aise en s’allongeant.
Maxim caressa le velours du fauteuil, pensif.
« Il ne doit pas y avoir beaucoup de gens ici, vu que l’on ne me répond pas. »
Il remarqua soudainement que la salle était toute blanche. De même que les couloirs qu’il avait traversé un peu plus tôt.
« Pas très originale, la déco, jugea-t-il. Les murs blancs, bof… on se croirait dans une pharmacie. »
A force de rester seul, allongé à ruminer ses pensées, il s’endormit.

Saix continuait son inspection des lieux (à croire qu’il a que ça à foutre.) Sa rencontre avec Xabi l’avait légèrement calmé, mais il était toujours irrité au possible. Les questions du petit nouveau l’avait légèrement amusé mais il avait pris soin de ne pas répondre à une : « depuis combien de temps était-il ici. » Il n’en avait tout simplement aucune idée. Il était tout à fait incapable de donner un chiffre, même global, sur son service ici. Se rendant compte qu’il réfléchissait sur des idioties, le second du supérieur chassa ses pensées pour entrer dans la salle commune en priant pour qu’elle soit en bon état. Il ouvrit la porte aussi doucement (ironie) que d’habitude et croyant qu’il n’y avait personne, entra dedans. Bien évidemment son regard se posa sur le jeune garçon endormit sur un canapé. Il haussa un cil, c’était l’invasion de nouveaux? Ceci expliquerai l’absence prolongé du supérieur? Quoiqu’il en soit, l’envie de faire jouer son sadisme prit le dessus et Saix donna un lourd coup de pied dans le sofa faisant réveiller en sursaut ce dernier.
Je peux savoir ce que tu fais ici? Demanda le nobody à la cicatrise frontale avec sa voix pleine de sobriété, toisant de haut le gamin allongé.

Maxim regarda le nobodi. Apparemment, ça n’allait pas trop pour lui aussi.
-Je cherchais quelqu'un qui habiterai cet endroit mais je crois que vous n’êtes pas le seul à y habiter, dit il d'une voix endormie.
En regardant l’individu qui se dressait devant lui, il ne le trouvait pas du tout effrayant, plutôt... en rogne.
-Monsieur, dit à nouveau poliment Maxim. Vous pouvez me faire visiter cet endroit, s’il vous plait?
« Et j’espère que toute les pièces n'ont pas cet horrible papier peint blanc... enfin bon, pour moi les papier peints des manoirs, c’est noir, ou au pire gris... » pensa futilement le jeune homme.
Il secoua la tête, comme pour chasser cette idée stupide de papiers peints et pour mieux se concentrer sur l'homme qui lui tenait tête.
Maintenant qu'il le regardait en détail, il lui semblait plus imposant.
Il se frotta les yeux et bailla, ce qui eut pour effet de porter l'irritation de Saïx à son comble.

Après l'incident de la bibliothèque, Xana avait mis tout en oeuvre afin que les mètres qui la séparent de Saïx atteignent une valeur maximale. L'idée de se calfeutrer dans les toilettes ou la salle de bain lui avait traversé l'esprit, toutefois les probabilités qu'elle croisent un autre membre de l'Organisation dans ces lieux représentaient un certain effectif. La jeune Nobody avait donc opté pour la salle commune qui, malgré son nom, était rarement envahie de Nobodys. Ne reconnaissant pas les voix qui emplissaient la pièce, Xana ne tient pas compte du danger qui se tramait derrière. Ouvrant la porte d'un vigoureux coup de pied, Xana dit une entrée en scène des plus remarquées.

- Hellooooooooooooo everybody ! Toujours en pleine transe de mortification nobodisienne ?

Les yeux écarlates de Xana se posèrent en premier lieu sur le gamin allongé sur le sofa. Ses cheveux noirs contrastaient avec la blancheur du Manoir, tout en s'accordant avec la tenue officielle des Nobodys. Encore un nouveau... Ils arrivaient par poignées ces derniers temps. Si celà continuait ainsi, les dortoirs allaient être saturés.

"Ils n'auront qu'à dormir dehors. Celà leur fera les pieds." songea Xana avec un sourire des moins aimables.

Cette dernière ne découvrit l'identité de la seconde personne que quelques secondes après, le temps que son cerveau ne calcule le peu d'instants qu'il lui restait à vivre. Autrement dit, très peu... Saïx... C'était Saïx... La Nobody conserva son calme, sachant d'avance que l'homme allait lui faire payer durement l'incident de la bibliothèque, sans compter le peu de négligence de son entrée dans la salle. Avec un sourire crispé, la jeune fille se fit tout miel devant le Nobody.

- Toujours en plein boulot, Saïx ? Tu dois être surmené à force.

"Il va me tuer !"

Maxim, à demi endormi, émergea completement de son sommeil après avoir entendu cette phrase. Bon, c’est vrai qu'elle la faisait bien rire mais il n’osa pas le lui avouer.
« C’est qui, cette imbécile ? » se dit-il. « à première vue, elle veut mourir. J’espère que Saïx ne l'a pas entendue, et qu'elle ne me prend pas pour un gamin débile...»
La vue de cette fille lui mit la puce a l’oreille. Vu son regard et son attitude, elle le prenait vraisemblablement pour un gamin pas très malin qui s’etait perdu dans cet immense manoir. « Non mais, elle se prend pour qui celle la ! » repensa-t-il, sans réelle raison valable pour s'énerver contre une jeune fille qui ne lui avait encore jamais adressé la parole.
« Quand me considérera-t-on comme quelqu'un de raisonnable? s'énerva-t-il, plus contre lui que pour Xana. c’est vrai quoi !»

Il se leva, l'air courroucé, et partit en la bousculant sans un regard de plus.

Xabi entra dans la salla en même temps que Maxim la quittait. Légerement étonné, il se demanda un instant :
"Mais c'est qui ce nain?"
Il détourna aussitôt son attention pour la porter sur les autres nobodys présents dans la salle. Pour son plus grand malheur, Saïx était présent. La jeune fille qui lui tenait compagnie n'avait pas l'air non plus très enchantée d'être en sa compagnie. Elle avait l'air légerement soulagée de ce bref moment de répit, même s'il serait asser court...
Un silence pesant s'abattit sur la salle.
Xabi songea un instant de s'enfuir à toute jambes, mais il rejeta presque immediatement cette idée stupide.
Xabi adressa un discret sourire à la jeune fille, qui lui répondit par un regard indéchiffrable. Visiblement, elle n'allait pas faire étalage de ses sentiments en public.
Des bruits de pas retentirent soudainement dans le couloir. Une tête passa l'embrasure de la porte.
"Ah, pensa Xabi. C'est le gamin de toute à l'heure."
L'atmosphère se fit pesante. Xabi avait l'impression que les murs blans allaient les écraser...
"Et maintenant ?" Songea-t-il.
Pas un seul mot n'avait été prononcés pour l'instant.

Tuer.
L’unique mot qui résonna dans l’esprit de Saix tout le long de la tirade de ces imbéciles devant lui. Il n’avait qu’une envie, démembrer un à un tout les gens autour de lui. Mais son instinct lui susurra que le fait d’assassiner des nouveaux envoyés par le supérieur pourrait lui valoir des graves remontrances. Il décida donc d’étouffer son désir de sang mais de ne rien cacher de sa colère. Bien qu’il se savait impressionnant, en rajouter une couche lui flattait toujours l’ego.

« Très bien les nouveaux…. voila votre guide. »

Dit-il à l’attention de la rousse qui n’avait, bien sûr, aucun choix de refuser le job proposé, sous peine de grave sévices sadiques.

« Toi. Voila comment il désigna impitoyablement Xana, Tu vas chercher le gamin qui vient de s’en aller, et tu le fais visiter. Ainsi que … Xabi. J’espère, FORTEMENT que tu n’es pas assez stupide pour échouer dans une tâche aussi ridicule et facile. Sinon, tu sais très bien ce qui t’attend. »

Sur ce, il traça son chemin, ne déniant même pas de poser ses yeux jaunes sur les membres l’entourant.

La Nobody était restée stoïque, tout du moins aussi stoïque que peut être une personne se trouvant sur le fil du rasoir, entre vie et mort. Le petit brun endormi avait été tiré de son sommeil léthargique par le tapage ambiant. De toute évidence, il n'avait guère apprécié le regard peu aimable que lui avait dédié la rousse. Déjà sur les nerfs le nouveau ? Il n'allait pas faire long feu s'il commençait ainsi.
Soulagée en partie de ne plus avoir à supporter la présence d'un rase-mottes, Xana commenait tout doucement à se détendre. Chose impossible en la présence de Saïx. Elle ne s'était pas attenduà ce qu'un autre néophyte vienne fourrer son nez à l'instant même. Ce dernier avait esquissé un sourire se voulant aimable auquel la jeune fille resta de marbre.

"Non mais rassurez-moi... On est pas envahis par les Schroutmphs noirs j'espère ?", pensa Xana en sachant d'avance la réponse.

Saïx profita de l'occasion pour lui incomber une tâche dont elle aurait bien voulu se débarrasser. Malheureusement, Saïx était Saïx. Un ordre venant de lui se devait d'être accompli à la perfection. Et à la façon dont il avait insisté sur certains termes, celà sous-entendait que de sombres tortures attendait la Nobody si elle n'accomplissait pas sa tâche.
A la sortie de Saïx, le silence s'abattit sur la pièce tandis que la tension augmentait de façon expodentielle.

- Bon...

Ce mot prononcé d'une voix lasse résonna étrangement dans la salle presque déserte. Xana se passa la main sur le visage avant de daigner regarder une nouvelle fois.

- Vu les circonstances jouant en ma défaveur, je vais temontrer ce MERVEILLEUX endroit qu'est le Manoir. Toutefois, allons retrouver ton collègue.

Le ton était ironique comme toujours. La jeune fille passa devant Xabi, ouvrit la porte donnant sur le couloir et chercha du regard l'autre nouveau.

Xabi se racla la gorge, légèrement mal à l'aise. Ce Saïx n'était vraiment pas apprécié de tous. La jeune fille rousse était apparemment un de ses souffre-douleurs favoris.
Il s'empressa d'ailleurs de sortir de la salle commune, sans prendre la peine de refermer la porte, pour rattraper la jeune Nobody.
"Je me demande où est passé l'autre..." pensa-t-il distraitement.
Ses yeux se posèrent à nouveau sur Xana.
Elle était vraiment grande, et ses cheveux et ses yeux, rouges, lui donnaient un air particulier.
Xabi détourna le regard. C'était idiot, mais il se sentait très mal à l'aise tout d'un coup.
Xabi se racla la gorge à nouveau. Il était pris d'une quinte de toux.
C'était rare, mais il avait mal à la tête.
Et froid.
Xabi respira un bon coup. Pâle comme la mort, il faisait presque peur à voir.
"Je ne me sens pas bien...."

Xana faisait violemment claquer ses semelles sur le sol, espérant que le tapage provoqué ferait réagir le second néophyte fraîchement débarqué. Ses yeux rouges exploraient les moindres recoins du long couloir blanc dans lequel ils étaient présents. Rien n'indiquait la présence du jeune homme. La jeune fille daigna avoir un peu de considération envers Xabi. Le teint de ce dernier rivalisait avec les murs avoisinants. Et les paroles qu'il prononça ne semblaient pas améliorer les choses.

"Tu vas pas me faire le coup du faux malade quand même ?"

La jeune fille s'accroupit tout de même à la hauteur du garçon, vérifiant que celui-ci ne lui jouait pas la comédie. Elle ne se connaissait guère en médecine et autres sciences tout aussi obscures, pas comme un certain scientifique dont elle tairait le nom. Toutefois, elle parvint à conclure que le jeune Maxim n'était pas dans son assiette. Xana posa une main sur le front du garçon, qui lui parut presque froid. Pourquoi ce genre de situation lui tombait inévitablement dessus ?

"Je suis pas infirmière, mais je pense qu'un peu de nourriture te remettra d'aplomb. C'est tout ce que j'est à te proposer. Si tu n'es pas satisfait, va voir ailleurs."

Xana se releva, tournant les talons avant de traverser en de grandes enjambées la distance qui les séparaient de la salle à manger. Si Maxim arrivait à suivre sa course, tant mieux pour lui. Sinon, qu'il continue de gémir dans son coin.

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